Le filin Fil d’information en santé environnementale

GISCOP84. Une initiative locale

Les hémopathies malignes sont parmi les cancers dont l’incidence a le plus augmenté au cours des 30 dernières années. Avec plus de 35 000 nouveaux cas par an, elles représentent désormais 10% des nouveaux cas de cancers en France. Le Groupement d’intérêt scientifique sur les cancers d’origine professionnelle dans le Vaucluse (GISCOP 84) part d’une alerte sanitaire lancée par les médecins du service d’Oncologie-Hématologie du Centre hospitalier d’Avignon (CHA) qui notent une augmentation de l’incidence des cancers hématologiques et un rajeunissement des patients au diagnostic. Alors que ces pathologies sont connues pour leurs liens avec des expositions toxiques (pesticides, rayonnements ionisants, solvants chlorés, etc.), les expositions professionnelles subies par les patients restent peu étudiées et les personnes atteintes sont encore rarement reconnues en maladie professionnelle.

Outre le Centre hospitalier d’Avignon (CHA), le GISCOP 84 réunit l’Ecole des hautes études en science sociales (EHESS), l’Université d’Avignon, le ministère de l’Agriculture, la DIRECCTE PACA, l’Agence régionale de santé Provence-Alpes-Côte d'Azur, le Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur, la Communauté d’Agglomération du Grand Avignon, la Ligue contre le Cancer via son comité départemental du Vaucluse, l’association Phyto-Victimes, ainsi que de la CRIIRAD. Son équipe pluridisciplinaire est composée de l’équipe médico-sociale du service d’Oncologie-Hématologie du CHA, de chercheurs en sciences sociales et santé publique, ainsi que d’un collectif d’experts des conditions et procédés de travail et des risques toxiques composé d’une quinzaine de membres (médecins du travail, ergo-toxicologues, sociologues, inspecteurs du travail, ingénieurs de prévention, patients experts, etc.). Le GISCOP 84 poursuit trois objectifs : connaître les activités de travail exposant à des cancérogènes ; faciliter l’accès au droit à la reconnaissance et à la réparation des cancers professionnels pour les patients éligibles ; contribuer à la prévention des cancers d’origine professionnelle via la réduction des expositions cancérogènes au travail.

L’enquête s’appuie sur une cohorte incluant tous les patients de lymphome non-Hodgkinien et de myélome multiple diagnostiqués au CHA, centre hospitalier de référence de 7 établissements de soin desservant un bassin de population trans-départements d’environ 600.000 habitants. A partir des cas incidents (≈ 150/an), des entretiens biographiques avec les patients permettent la reconstitution de leurs parcours professionnels, au plus près des activités réelles de travail. Les parcours professionnels sont analysés par le collectif pluridisciplinaire d’experts, qui identifie et caractérise les possibles expositions à des cancérogènes reconnus ( Centre international de recherche sur le cancer , directives européennes). Tout en répondant à un objectif de connaissance, l’identification des expositions permet d’accompagner les patients éligibles à une reconnaissance en maladie professionnelle dans leurs démarches de déclaration, d’étudier les obstacles et inégalités d’accès à ce droit, et d’agir en prévention en coopération étroite avec les acteurs de la santé au travail. Sont également reconstitués, lors des entretiens biographiques, les parcours résidentiels des patients – parcours analysés dans le cadre du volet géographique de l’enquête où sont croisés les lieux de résidence des patients et les données spatiales concernant les sources possibles d’expositions environnementales à des cancérogènes.

Contact : Moritz Hunsmann, directeur du Giscop84 - moritz.hunsmann@cnrs.fr

Giscop84 sur le site l'Ecole des Hautes études en sciences sociales (EHESS) - Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS : UMR 8156-U997, CNRS, EHESS, UP13, INSERM)

(source : Fil-à-Fil N° 26 - Mars 2020 - Cancers, risques professionnels et santé environnement)

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