Le projet MUSE : Une approche citoyenne collaborative vis à vis de la qualité de l'air
S’il est désormais largement démontré que la qualité de l’air a un fort impact sur la santé, les actions concrètes actuelles vers le citoyen présentent encore plusieurs lacunes : messages émis presque quasi exclusivement lors des pics alors que les impacts principaux sur la santé concernent l’exposition chronique, diffusion très large sans certitude que les personnes les plus vulnérables vis-à-vis de la qualité de l’air les reçoivent, perception parfois anxiogène des informations transmises, difficulté de s’assurer du suivi des recommandations et de fait, incapacité à évaluer leur efficacité. Il est donc nécessaire de les compléter, de manière synergique, par de nouvelles approches plus ciblées et mieux adaptées. C’est le principe du projet MUSE (Monitoring Urbain Santé Environnement).
Le projet MUSE, porté par le Laboratoire de Soins Pharmaceutiques et de Santé Publique (L2SP) du CHU de Nice, initié en janvier 2017, a été lancé officiellement le 21 mars 2017. Il correspond à une approche globale et multimodale, autour et avec le citoyen, acteur de sa santé… et celle des autres. Son objectif final est de « Développer les activités physiques adaptées au meilleur endroit, au meilleur moment (vis-à-vis de la qualité de l’air) ». Le principe retenu est une co élaboration citoyens / professionnels en partant des besoins exprimés ou potentiels pour aboutir à l’élaboration des solutions pertinentes et validées scientifiquement.
MUSE regroupe 5 axes de travail : recommandations sanitaires, données qualité de l’air, médias-communication, éducation thérapeutique et système d’information. Il s’agit notamment d’élaborer une application smartphone permettant d’une part d’apporter i) des informations sur la qualité de l’air et l’orientation vers un « Top5 » des lieux à privilégier, suivi facilité de localisations « favorites » ii) des messages de prévention et de conseils sanitaires (lors des pics mais aussi lors des valeurs inférieures) selon le profil (vulnérable ou non), mais également iii) à l’utilisateur de déclarer des « signaux faibles » (signes cliniques ne justifiant pas une consultation ou une hospitalisation). L’ensemble de ces informations pourra être présenté au professionnel de santé (médecin, pharmacien) afin d’adapter si besoin la prise en charge. De nouvelles fonctions pour 2018 sont en cours de réflexion.
Au-delà de l’application elle-même, bien adaptée à l’apport d’informations brèves ou d’alertes mais moins pour des explications approfondies indispensables, les participants trouveront des informations plus complètes sur le site du projet, intégrant des vidéos éducatives, et pourront bénéficier d’un forum afin de faciliter les échanges collaboratifs. Enfin, l’importance des relais locaux telles les associations de quartier pour renforcer le dispositif seront étudiés, notamment au niveau du Quartier des Moulins, zone prioritaire. C’est cet ensemble global du dispositif qui devrait permettre d’améliorer le suivi des recommandations et la pérennisation des changements de comportement.
Début 2018, débutera le suivi d’une cohorte de différentes personnes dites « vulnérables » (personnes âgées, pathologies cardiaques ou respiratoires) habitant au niveau du quartier des Moulins ou sur Nice. Il s’agira d’évaluer de manière précise, notamment avec le laboratoire TransitionS la perception de l’usage du dispositif.
Une phase 2 de MUSE est en cours d’élaboration pour le 2eme semestre 2018 et portera cette fois sur l’évaluation de l’impact du dispositif.
MUSE s’inscrit ainsi parfaitement dans la Stratégie nationale de santé 2017-2022, notamment sur les volets suivants : prévention vis-à-vis des facteurs de risque environnementaux- pollution de l’air ; liens avec le territoire ; implication citoyen ; innovation organisationnelle.
Le projet réunit plus de 20 partenaires : académiques (le Pôle de santé des moulins Méridia, l’Association pour la Prévention Pollution Atmosphérique, le laboratoire Espace, le laboratoire TransitionS : savoirs, médias, territoires), régionaux (Air Paca, Azur sport santé) industriels (Tera, Engie Ineo), institutionnel (Métropole Nice Côte d’azur, Ville de Nice). Il bénéficie du financement de l’ARS PACA, du Conseil Régional PACA et d’Université Côte d’Azur (IDEX). Les pilotes remercient par ailleurs l’IMREDD pour l’aide à l’organisation des réunions.
Contact : Rémy COLLOMP – L2SP CHU de Nice – collomp.r@chu-nice.fr – Twitter : @projetMUSE
(Source : Fil-à-Fil N° 20 – Décembre 2017 – Qualité de l'air extérieur et santé)